DANIEL LINDENBERG
Histoire et Esprit

Daniel Lindenberg (1940-2018) nous a quitté il y a une année. Intellectuel, historien et militant, il était d’une immense culture, d’un sens aigu de la critique et d’un humanisme sans faille. Intellectuel, il a participé aux débats d’idées qui agitait son époque, des premières discussions sur la vocation messianique du marxisme à sa rencontre avec la revue Esprit dont il a été membre du comité de rédaction et animateur durant des années des réunions hebdomadaires ouvertes autour des thématiques d’actualité. Intellectuel de gauche cosmopolite, il a toujours fustigé l’esprit réactionnaire sans jamais mésestimer la pensée de droite dont il redoutait l’effet dévastateur d’autant plus qu’elle était parfois une pensée de grande qualité et produite par des intellectuels talentueux, impliqués dans la vie politique. C’est en tant qu’historien des idées qu’il a fait œuvre. Professeur émérite en sciences politiques, ses travaux portent sur le « parti intellectuel » en France. Il en a exposé les doctrines, en a démonté la généalogie, en a listé les groupes constitutifs et en a discuté les auteurs culte. Ce parti des idées est formé respectivement des intellectuels de gauche et de droite, ceux de la gauche radicale et de la gauche social-démocrate, de la droite classique et de la nouvelle droite. Deux lignes de force qui s’opposent depuis le XIXe siècle, celles de l’intellectualisme et de l’anti-intellectualisme, du progrès et de la réaction, de la pensée des Lumières renouvelée et du « Moyen-âge planétaire » contemporain. Militant de gauche, il a été de tous les combats, de la jeunesse communiste à la rénovation du socialisme démocratique. Au-delà de la France, il s’est impliqué dans les luttes démocratiques en Tunisie, à une époque où les intellectuels français sensibles à la question des droits humains en Tunisie étaient peu nombreux et fort discrets. Ce pays d’adoption l’a accueilli en tant que professeur invité pour dispenser des cours au département des sciences politiques de l’Université Al-Manar, à l’Institut d’Architecture (ITAUT), participer à des rencontres scientifiques et présenter ses livres. Internationaliste, il a appuyé de toutes ses forces le droit à l’autodétermination du peuple palestinien et il a œuvré pour la paix au Moyen-Orient. C’était sa manière à lui d’incarner la conscience critique de soi européenne au service d’un monde plus juste. Sa famille, ses amis, ses camarades et ses collègues organisent une journée Daniel Lindenberg, Histoire et Esprit pour lui rendre hommage et discuter son œuvre, articulée autour de trois questions au cœur de sa vie d’intellectuel, d’historien et de militant
Une histoire des idées est-elle possible ?
Le partage gauche-droite a-t-il un sens ?
Peut-on penser sans agir ?
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